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5h30, gare de Lille Europe. La nuit s’achève, le voyage s’ébauche. Les lueurs ternes de la ville disparaissent dans l’oubli et cèdent leur place à la sombre matinée d’hiver. Le wagon-bar est à proximité, aucun voisin n’est à appréhender.
Les innombrables nuances de l’aube se déploient dans le paysage. Villages et bourgs apparaissent, surgissant de nulle part tels ces hameaux sinistres qui subissent mon jugement ridicule. Je m’interroge en les regardant ; leurs occupants sont-ils heureux ? Perhaps, perhaps, perhaps. Un allongé puis un second. J’absorbe. Les prouesses qui furent miennes la nuit passée me confèrent d’accablantes douleurs. J’encaisse. Dévorant les Marlboro light au rythme aléatoire des arrêts, j’impose à mon état une grisaille nauséabonde, pareille à ce brouillard qui engloutit le tableau lugubre. Spleen. Un sommeil fortuit vole au temps l’attente. Me voilà rendu en Avignon. En même temps que les gares se succèdent d’agréables évocations. J’offre à ce texte une première fin puis je reviens sur les mots que je pensais avoir scellés. Car je peux dire que la peur s’en est allée. La violence des souvenirs qu’hier encore je qualifiais d’inqualifiables semble fléchir sous les coups que je porte à l’influence. Il m’a fallu mener une guerre contre la considération factice. Il m’a fallu affronter d’imaginaires valeurs. Le temps pour complice, l’honneur pour compère ; aurais-je gagné mon combat ? Perhaps, perhaps, perhaps.
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