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Une ébauche de bleu horizon esquisse le portrait de l’avant-jour : l’aurore va percer le ciel mais je n’ai plus l’exigence de la nuit. L’orage et ses bourrasques ont fait parler les rêves. L’effroi s’éloigne, l’indigence dérive. Moi, j’invente un nouveau cap. Les vagues de la mer moderne caressent l’étrave et les rayons du soleil indiquent des paysages que nul ne connait. On ne peut croire en ces îles profondes qu’en ayant foulé leurs terres où seuls les Vogueurs ont pied. D’autres s’y sont risqués mais ils se sont noyés. Ils agonisent sur les rives invincibles. Le planeur n’a d’autre destin que le plan du vent.
Après avoir erré dans des jungles immobiles, j’ai vu le poudroiement de l’eau claire. J’y ai séché mes réflexes et j’ai plongé vers l’exploit. C’est le visage sous l’eau que je respire le mieux, car il faut asphyxier les allures pour pouvoir couronner l’esprit. Les bas-fonds ont distillé des larmes d’orbites sans regard, des bas sans fonds qui talonnèrent l’élan que plus rien n’égare. Saoulé du bruit mais ivre d’envie, j’élude l’appétence d’une présence et je marche sur les sables étincelants que nulle ombre n’attriste. Je connais les ravages des fallacieuses tornades qui dévorent galamment de radieux paysages, les volcans amnésiques aux déhanchés mondains qui goudronnent les feux sous des laves narcissiques, j’ai appris que les braises qui ébranlent l’océan se calcinent en fournaises condamnées au néant et que quiconque tend à ces acoquinements - à trop vouloir paraitre - finit par disparaitre. Point d’orgueil, mais point de séquelles imaginaires. Dans mon vaisseau de cristal je nage vers un horizon sans dessein. J’ai vu les plages vides des pays qui se vengent et les doigtés brulants qui s’évaporent sur ma peau sont désormais mon joujou. Ces regards qui méprisent l’homme me rassasient pour autant que les projets d’un enfant mais je sais qu’ils m’emmènent vers d’implacables rizières où un jour pousseront les fruits des terres dénouées.
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