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Précédée par les réjouissances l’euphorie s’installe inéluctablement. Comme si elle n’était pas suffisante elle me conduit, pauvre insouciant, aux portes de l’ivresse.
L’ivresse, état de déraison tel qu’il nous impose de renoncer à notre moralité et à abandonner la probité. Bien que lucide je me le concède et rejoins la troupe en liesse, réfugiée dans une sorte de béatitude délibérément orchestrée, à grand renfort de mélanges aussi concrets que spirituels. Assisté de spiritueux l'état parallèle me borde dans son berceau d’insouciance. Les amis sont là. Les autres aussi. Ca s’étonne, ça s’exclame, ça se pâme de joie. Ca picole, souvent fume et ça joue les chimistes. Chacun déballe son grand numéro. Drôles de numéros. Quid du mien ? Le numéro qui tombe pile me fait m’interroger quant au mien. L’insolente trentaine, l’arrogante dizaine, l’outrecuidante manifestation du temps qui passe. J’eus beau tenté en vain de le sous-estimer, le chiffre n’accepte le mépris et m’impose un bilan. Au cours de l’hautaine vingtaine je crus que mes mots suffisaient à traduire ma passion. J’optai pour la facilité. Je découvris la vanité. L’aurore sera donc sans joie, cette nuit est maudite et son lendemain pareil. Si j’avais été génial : “les aubes sont navrantes, toute lune est atroce et tout soleil amer”. C’est promis. Juré. J’arrête mon numéro. Drôle de numéro.
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