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Ce billet d'humeur a été publié dans le magazine MEGALO (Décembre 2015). Sous forme de tribune, cet article revient sur les attentats du 13 Novembre 2015. Factice religion ; c’est au nom d’un irrévérencieux Islam que l’ignominie s’abat encore sur notre société. L’idolâtrie démesurée que des hommes persévèrent à perpétuer nous plonge à nouveau dans l’horreur.
Le la fut donné dès le prologue de cette année 2015. Alors que nous découvrions l’oppression des consciences, celle qui empêche par la force et l’intimidation l’exécution de nos valeurs, nous prenions acte de la cruelle ambition qu’un état dit islamique dessinait en nous. Unis nous étions, unis nous demeurons. Nous devînmes Charlie et fûmes même solidaires, mais oubliâmes aussi l’obligée surenchère. Ce Vendredi 13 Novembre 2015 nos portables s’affolent et nous inondent d’effroyables notifications. Abasourdis, nous découvrons la sanglante réplique des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher. Toutefois, ces attentats ont quelque chose de fondamentalement différent. Ce ne sont plus des symboles auxquels s’attaque l’organisation terroriste Etat Islamique, il s’agit cette fois d’une folie meurtrière avec pour unique passion la haine et l’imprévisibilité pour seule stratégie. Une première explosion au Stade de France, suivie d’une deuxième. Retentissent ensuite les fusillades qui viseront successivement Le Carillon et Le Petit Cambodge. Puis, nouvelles séries de tirs. La brasserie Café Bonne Bière, le restaurant Casa Nostra et le restaurant La Belle Equipe, rue de Charonne, en sont les cibles. Au même moment, trois hommes pénètrent dans le Bataclan et ouvrent le feu sur la foule. Quelques minutes plus tard, un troisième homme se fait exploser aux abords du Stade de France. Terrifiant bilan : 130 morts et 352 blessés. Nous sommes tous sous le choc. Déconcertés, décontenancés ; dévastés. D’ineffables émotions s’emparent de nos esprits en cette nuit noire. Essayer de les décrire les amoindrirait certainement. Et pourtant, nous devrions continuer de vivre sans amender nos habitudes. Il nous faudrait - plus que jamais - honorer nos traditions de verres en terrasses et de manifestations culturelles. C’est donc le coeur gros et l’âme vaillante que chacun continue son ordinaire existence, faisant ainsi un pied de nez à cet immonde antagoniste que l’on appelle Daech. Sans pour autant oublier ceux qui n’auront plus la chance de s’unir à nous dans ce combat. Molière recevait en 1663 une lettre de Boileau dans laquelle celui-ci écrivait : “Laisse gronder tes envieux, ils ont beau crier en tous lieux, qu’en vain tu charmes le vulgaire (…), si tu savais un peu moins plaire, tu ne leur déplairais pas tant”. C’est ce que nous disent toutes ces nations qui illuminent des couleurs de notre drapeau les façades de leurs impériales bâtisses. Ennuyés par la politisation du combat idéologique, nous sommes encore une fois unis par nos desiderata de contre-offensive. Rares sont ceux qui imaginent que nous puissions sommairement poursuivre nos vies insouciantes sans faire gronder notre force militaire. Rares, mais pas absents. Le philosophe Michel Onfray s’impose et crève l’écran avec sa pensée pacifiste, se heurtant ainsi à l’idéologie de Bernard-Henri Levy, lequel encourage directement François Hollande à intensifier les frappes sur Daech. Gageons que tout un chacun souhaite éradiquer cette menace terroriste. Quel est donc le dogme du triomphe de notre liberté ? Est-il seulement politique ? Certainement pas. Il nous faut aujourd’hui dépasser la phobie pour ne pas sombrer dans la névrose, contrôler nos peurs et dompter l’épouvante. Si d’habiles politiciens ont choisi l’anxiété pour fonds de commerce, ils ne font que donner naissance à une force en vertu de laquelle certains corps se repoussent mutuellement, une vive répugnance physique ou psychologique pour quelqu’un, quelque chose (définition de la répulsion selon le dictionnaire Larousse). Tuons en nous l’angoissé, le craintif, l’asocial, le foireux. Elevons-nous à un niveau gracieux, à l’image de l’éminente Latifa Ibn Ziaten, mère de Imad Ibn Ziaten, tombé sous les balles de Mohammed Merah le 11 Mars 2012. Cette grande dame prône la laïcité et fait l’éloge du dialogue inter-religieux. Elle nous explique “que les terroristes veulent nous séparer et qu’il ne faut pas tomber dans le piège”. Un jour peut-être, nous vaincrons l’intolérance et le fanatisme. Pour cela, nous avons tous un rôle primordial à jouer. Comme pour l’environnement, la transition commence avec nos propres habitudes. Rejetons la peur et ouvrons nos bras à la liberté, à l’égalité et à la fraternité. Certes les politiciens ont des responsabilités qu’ils doivent affronter. Bashar El-Assad et Daech sont des problèmes incontournables pour eux. Mais au delà de cela, chacun d’entre nous peut contribuer à l’élaboration d’une société plus saine. Ne tombons pas dans l’étroitesse d’esprit. Riche d’une doctrine exemplaire pour le reste du monde, la France a toujours brillé dans l’histoire. Si cette doctrine est aujourd’hui mise à rude épreuve, faisons la fierté des générations à venir et honorons la mémoire de ceux qui nous ont quittés en faisant preuve de maestria intellectuelle, dans l’exécutable perspective que ces massacres puissent enfin appartenir au passé. Le plus vite possible. “Le patriotisme c’est l’amour des siens, le nationalisme c’est la haine des autres” (Romain Gary).
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sJe suis au salon nautique d'Antigua, dans les Caraïbes. Nous sommes au moment de l'entre-deux tours des élections régionales en France. Je suis en train de lire la correspondance échangée entre Rimbaud et Verlaine. Face à moi la mer, superbe lagon. Laissez-moi là avec du papier et un stylo. Attendez le résultat. Le voici, c'est prêt !
La mer arbore une parure d'émeraudes de Chivor et de saphirs de Ceylan. Ses mille et une couleurs ondoyantes me rappellent l'imprévisibilité de la pensée. De fulgurants rayons de soleil octroient au lagon le turquoise. Le beau lagon béat, paisible, placide. Son pacifisme est tel qu'il lui confère des airs de Pacifique. Soudain, d'immondes nuages s'invitent dans l'immensité du ciel, son âme soeur, le plongeant ainsi dans l'obscur. L'inopiné nimbus teinte alors ses eaux de bleu marine. Lapis-lazuli luciférien d'abord, blême bleu de Berlin implacable par la suite. Impraticable pour bateaux à voiles et homme aux semelles de vents. Nonobstant les obstacles de l'imbuvable mer, j'y plonge et je fais fi des froussards et maudits. Convaincu du triomphe de l'homme bien entrainé, je nage vers mon grand rêve. Cristallines eaux d'Europe. |